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De l'importance des pratiques théâtrales pour la joie du futur

Quelques heures après l’attaque perpétrée par un lycéen à Nantes, le 24 avril dernier, Bruno Retailleau tenait ces propos : "Ce n’est pas un fait divers, c’est un fait de société. ». La violence endémique qui frappe les établissements scolaires et plus largement marque les interrelations de nombreux jeunes, est sans doute un fait de société ; mais la réponse à y apporter ne dépend pas seulement d'un rétablissement de l'autorité.

On n’a pas suffisamment mesuré les effets à long terme du repli sur soi et de la désocialisation lors des périodes de confinement. L’impact profond et répété des réseaux sociaux, la difficulté croissante de toutes et tous, et en particulier des jeunes, à assumer le regard de l'autre sans passer par le filtre d'un écran, d'une image que l'on a illusion de contrôler, les formes de harcèlement de plus en plus variées et fréquentes qui en découlent et les blessures qui y sont liées, n'ont pas été assez pris en considération.

Le 16 janvier 2024, le président de la République, lors de sa conférence de presse, avait annoncé "l'éducation artistique et culturelle, que nous avons déployée dans nos écoles depuis maintenant un peu plus de six ans, va se renforcer. Comme pour la musique et les arts plastiques, je souhaite que le théâtre devienne un passage obligé au collège dès la rentrée prochaine".

Ce projet, de fait, n'a pas abouti.  Cependant, depuis quelques mois, ce n'est pas un renforcement mais bien un recul de l'éducation artistique et culturelle que nous ne pouvons que constater, résultats des contraintes financières imposées à tous les acteurs qui soutenaient cette politique : l’État et ses services déconcentrés, les collectivités territoriales, les structures culturelles, les compagnies et les établissements scolaires qui souvent abondaient les projets en puisant dans leurs ressources propres.

Certes, le contexte budgétaire n'est pas simple mais on assiste à l'heure actuelle à la fragilisation accélérée de tout un écosystème qui s'était progressivement mis en place au cours des quarante dernières années par des liens renforcés entre le monde de l'éducation et le monde des arts et de la culture. C'est bien un modèle, pour ne pas dire un projet de société dont le cœur est la notion de service public qui est mis en péril, non sans effet sur les pratiques artistiques et culturelles des jeunes, et sur le rôle éminent des enseignants dans cette ouverture.

Penser à reculons, penser que l'on pourrait revenir à un modèle ancien, le modèle des pionniers qui montaient des projets avec leurs élèves, sans soutien financier, sous la forme de clubs par exemple, est sans doute un leurre. Ce serait mésestimer la dégradation du statut des enseignants de ces dernières décennies et les "malaises" qui en ont découlé. Ce serait mésestimer l'évolution du corps enseignant depuis cette ère des pionniers nourris des apports de l'éducation populaire et autrement sensibilisés et formés aux réflexions de l'éducation nouvelle et de ses différents mouvements, à la pédagogie de projet, à la pédagogie du détour et de toute la place que peuvent y prendre les pratiques artistiques et culturelles.

L'engouement des enseignants pour le recours à la part collective du pass Culture, engouement qui paradoxalement a conduit à la nécessité de geler son utilisation pendant plusieurs mois pour des raisons budgétaires, et la place majeure du théâtre dans les projets d'éducation artistique et culturelle qui ont pu être développés grâce à cela sont révélateurs : en menant et développant des projets d'éducation artistique et culturelle en partenariat, nombre d'enseignants ont retrouvé sens et engagement dans leurs actions. Les élèves qui ont bénéficié de ces projets ont compris que l'exigence, au centre des pratiques théâtrales, n'est pas incompatible avec la joie. Plus profondément, ils ont pu renouer avec la joie du futur en retrouvant confiance en eux et aux autres, ils ont pu entrevoir une place possible dans la construction d'un monde à venir qui ne serait pas seulement source d'anxiété.

La jeunesse ne se porte pas au mieux, c’est pourquoi lui donner, par l'École qui s'adresse à toutes et tous, la possibilité de grandir en humanité, est plus que jamais nécessaire et urgent.

L’ANRAT tente de répondre à ce défi et d’entretenir la flamme autant que faire se peut en fonction de ses moyens. 

Philippe Guyard, directeur de l’ANRAT – association nationale de recherche et d’action théâtrale
 

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