Mur d'expression
« La crise ne rend pas la culture moins nécessaire, elle la rend au contraire plus indispensable. »
Votre inscription à la newsletter a bien été validée
Ce site utilise des cookies à des fins statistiques
Accepter
Refuser

Il paraît de plus en plus évident que les pratiques théâtrales ont retrouvé depuis une décennie toute leur puissance sociologique et philosophique : c’est ce que révèlent les menaces en pleine expansion de censure et autocensure qui pèsent sur elles. Partant de ce constat, l’ANRAT souhaite s’engager dans un projet d’action fédérateur en appui sur le terreau de ses Rencontres consacrées à cette thématique et à celle de l’émancipation, qui n’en est que l’autre face dans un cadre partenarial.
Nous voyons émerger une véritable souffrance sociale, politique, démocratique. Depuis deux ou trois décennies, nous sommes des « individus incertains » vivant cette « fatigue d’être soi » qu’analyse le sociologue français Alain Ehrenberg, entre individuation pour ne pas dire individualisme, repli sur soi et risque de réification. Dans cette « société du malaise », l’individu, adulte ou jeune, est tiraillé entre universalisme et identitarisme communautaire, sans oublier les effets de l’inégalité économique et culturelle. En appui sur cette réflexion, l’ANRAT veut plus que jamais construire des outils contribuant à créer du lien porteur de socialité : il s’agit ainsi de permettre aux professionnels et professionnelles de l’école et du théâtre de ne pas se sentir isolés dans la solitude de leurs tâches, tout en valorisant dans le même temps ce qu’ils et elles peuvent réaliser dans un quasi-anonymat.
Forte de son expérience de 40 ans, l’ANRAT est une interface active entre le monde de l’enseignement et le monde du théâtre. Elle souhaite continuer à penser l’avenir des pratiques théâtrales dans le cadre de l’EAC en revivifiant la notion de partenariat, dans les liens conjoints aux deux Ministères de l’éducation et de la culture, à leurs services déconcentrés et aux diverses collectivités territoriales impliquées.
L’ANRAT veut enfin construire un projet qui mette en liens systématiques les trois âges que sont l’enfance du primaire, la jeune adolescence du collège et l’adolescence pré-adulte du lycée et cela sur la base d’une idée forte : il faut que les pratiques théâtrales servent la « puissance d’exister » de l’enfance, la Joie au sens que Spinoza donnait à ce mot, revu à la lumière de ce que le philosophe contemporain Clément Rosset en a fait, en particulier dans son ouvrage La Force majeure :
La joie est la condition nécessaire, sinon de vie en général, du moins de la vie menée en conscience et connaissance de cause. Car elle consiste en une folie qui permet paradoxalement – et elle seule à le permettre – d’éviter toutes les autres folies […]. A ce titre, elle constitue la grande et unique règle du « savoir-vivre ». (Éd. de Minuit, 1983, p.26)
Cette Joie, dans son regard sur le monde et par son ancrage dans l’imaginaire, implique aussi l’adulte. Il s’agit de contribuer à créer ensemble un avenir ancré dans le présent, à ne pas regarder le futur à reculons. La pire des solutions pour protéger les jeunes et les adultes de l’incertitude actuelle, ce serait la censure, l’hyper protection ou l’endoctrinement. Les pratiques théâtrales, qu’elles soient patrimoniales et/ou contemporaines, de texte et/ou d’improvisation, de création et/ou de réception, dans des liens tissés entre l’individu et le groupe social, le jeune et l’adulte, le présent et le passé, concourent à construire un rapport positif au futur, en provoquant la rencontre des différences personnelles et d’opinions. Il s’agit aussi d’y désamorcer la peur du harcèlement, la peur d’être jugé, en construisant un rapport juste à la vérité de la rencontre. C’est ce qu’ont formulé à leur façon des enfants témoignant dans le film L’école en actes produit par l’ANRAT à l’occasion de ses 40 ans:
« C’est ça que j’aime bien dans le théâtre, il y a toujours un point d’interrogation qui se pose à chaque fois. »
« Pour moi le théâtre c’est de la joie. »
Il faut désormais penser des temps de rencontres avec les outils et nécessités d’aujourd’hui et en se centrant sur la rencontre, à la fois comme thématique et comme processus. Il ne s’agit plus d’un temps unique développé sur tout le territoire de la France, métropolitaine et ultramarine, mais d’une combinaison d’étapes, à l’instar d’une chaîne ou d’une ronde, bâtissant des échanges, y compris avec les parents et les autres personnels de l'établissement. Il s’agit aussi d’allier la rencontre à distance avec la réaction à ce que les autres ont produit tout en construisant des temps de rencontre en présence.
Ce projet repose sur une thématique commune, la joie de la rencontre, avec des modalités différentes (pensées et préparées avec des enseignants militants de l’ANRAT) : écriture, mise en voix/en espace/en scène de textes engageant le rapport à la joie de la rencontre, recherche de pièces ou spectacles mettant en jeu la joie de la rencontre, recherche de textes théoriques sur la joie de la rencontre…
En partenariat avec les EAT, Écrivaines et Écrivains Associés du théâtre, une commande de courts textes dramatiques engageant la joie de la rencontre a été passée et un comité de lecture, au sein de l’ANRAT, a sélectionné deux pièces, l’une d’Émilie Leconte pour cette année scolaire, l’autre de Philippe Gauthier pour la prochaine année scolaire.
L’ensemble de ce projet se met en appui sur les 3 piliers traditionnellement admis de l’EAC selon un axe que nous pouvons formuler en ces termes : « ce que la Rencontre théâtrale change dans notre rapport au monde ».
Un chercheur a été choisi pour accompagner ce projet dont il fera un objet de recherche. Dans cette perspective, l’ANRAT se propose d’organiser des Journées de réflexion en appui sur la mise en œuvre du projet afin d’en penser la poursuite.
Ce projet démarrera à la fin du mois de septembre 2025 et selon les étapes suivantes :
Temps 1 : 1er trimestre 25 jusque fin janvier 26 « Faire pour faire faire »: les participants proposent une mise en forme de ce qu’ils ont choisi de faire (écriture, mise en voix / espace, …) - à partir de trois pièces proposées (dont celle d’Émilie Leconte) - et dont ils tirent une proposition de travail pour d’autres. Des exemples seront donnés pour faciliter la maîtrise de la consigne.
Temps 2 : Février 26 à avril 26 à les participants mettent en œuvre un projet qu’ils tirent d’une ou plusieurs propositions de travail imaginées durant le temps 1 par d’autres groupes.
Temps 3 : entre avril et juin (dates à venir) possibilité de partages et rencontres, où seront mises en commun les réalisations du Temps 1 et du Temps 2 ainsi que la découverte d’un spectacle professionnel entrant en résonance avec la thématique de la joie.
Ce projet repose sur une thématique commune, la joie de la rencontre, avec des modalités différentes (pensées et préparées avec des enseignants militants de l’ANRAT) : écriture, mise en voix/en espace/en scène de textes engageant le rapport à la joie de la rencontre, travail sur l’adresse, recherche de pièces ou spectacles mettant en jeu la joie de la rencontre, recherche de textes théoriques sur la joie de la rencontre proposés dans un « réservoir » disponible sur le site de l’ANRAT.
Penser le lien entre lire, dire, écrire, jouer, en interactions constantes. L’entrée principale n’est pas la thématique mais la théâtralité. Il ne s’agit pas de proposer des activités qui peuvent s’appliquer à n’importe quel texte mais des activités qui naissent du fonctionnement des œuvres.
Des pistes concrètes vous seront proposées très prochainement sur le site dédié à l'opération.
Un premier temps de formation dédié au projet aura lieu dès les 20 et 21 octobre. Pour en savoir plus et/ou vous inscrire, vous pouvez cliquer ici !